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15 janvier 2008 2 15 /01 /janvier /2008 20:31
Petit rappel. Charles Darwin (1809 - 1882), naturaliste anglais soutint la théorie de l'évolution. A savoir qu'une espèce animale ou végétale s'adapte à son milieu naturel.  Il consacra toute une partie de ses travaux aux orchidées pour étudier leur évolution parallèle  à celle des instectes pollinisateurs.


Je voulais écrire un bel article sur lui, mais en ce moment, j'ai le cerveau trop enrhumé pour cela! Je vais donc laisser le maitre parler.
Imaginez donc, 1861,  assis à son bureau, Charles Darwin dissèque une orchidée et observe. Observons avec lui.

" Ophrys arachnites. [...] Les sept fleurs qu'on m'a envoyées étaient certainement ouvertes depuis longtemps, et les épis étant venus par le chemin de fer avaient reçu plus d'une secousse* ; cependant sur six de ces fleurs, les pollinies étaient encore dans leurs cellules, dans la septième, elles adhéraient toutes deux au stigmate, mais les disques étaient toujours dans leurs poches.



* [depuis, j'ai eu l'occasion d'observer quelques autres échantillons vivants, et j'ai constaté que les pollinies ne tombent pas, même quand on secoue fortement les épis.] "


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Je vous épargne les descriptions passionantes mais fastidieuses pour passer directement au légendaire Angraecum sesquipedale dont tout orchidophile qui se respecte connait l'histoire. Voici ce que Darwin en dit dans ce livre.


"Je crains de fatiguer le lecteur, mais je ne puis passer sous silence  l'Angraecum sesquipedale dont les grandes fleurs à six rayons, semblable à des étoiles formées d'une cire blanche comme la neige, ont excité l'admiration des voyageurs à Madagascar. Un nectaire vert, semblable à un fouet, et d'une longueur surprenante, pend sous le labellum. [...] Quel est l'usage, doit on se demander, d'un nectaire d'une longueur si démesurée ?Nous allons voir, je pense, que la fécondation de la plante, dépend de cette longueur du nectaire, et de ce que le nectar n'est contenu que dans sa partie extrême et amincie. Il est toutefois étonnant qu'un insecte puisse atteindre ce nectar : en Angleterre, des sphinx ont bien des trompes aussi longues que leurs corps ; mais à Madagascar, il faut qu'il y ait des papillons dont la trompe atteigne , en se déployant, une longueur de 10 à 11 pouces!

[...]

Si l'espèce de ces grands papillons venait à s'éteindre à Madagascar, assurément il en serait de même de l'Angraecum. D'autre part, comme le nectar, au moins à l'extremité du nectaire, se trouve hors de la portée des autres insectes, la disparition de l'Angraecum serait  probablement une sérieuse perte pour ces lépidoptères. On peut en partie comprendre comment le nectaire a pu acquérir son étonnante longueur par voie de modifications successives. Certains papillons de Madagascar étant devenus plus grands, sous l'influence de conditions générales de vie, et par voie de sélection naturelle, soit à l'état de larve, soit à celui d'insecte parfait, où la trompe seule s'étant allongée pour puiser le suc que l'Angraecum et d'autres fleurs logent au fond d'un long tube, les pieds d'Angraecum qui avainet les plus longs nectaires (le nectaire varie beaucoup de longueur chez quelques orchidées) , et qui forçaient par conséquent les papillons  à introduire leur trompe toute entière, ont dû être mieux fécondés. Ces plantes ont dû produire plus de graines, et les jeunes plantes nées de ces graines héritaient le plus souvent de la longueur des nectaires ; et de même dans les générations suivantes de la plante ou de l'insecte. Il semble qu'il se soit alors engagé une lute pour la longueur, entre le nectaire de l'Angraecum et la trompe de certains papillons; mais l'Angraecum a triomphé, car il fleurit en abondance dans les forêts de Madagascar, et oblige encore chaque papillon d'introduire sa trompe aussi loin que possible pour aspirer les dernières gouttes de nectar."



Voilà, tout le monde connaît la suite ; la théorie d'un papillon avec une si longue trompe en fit la risée de ses contemporains, jusqu'à ce que l'on découvre, des années plus tard, un papillon correspondant à sa description, qui fut baptisé  Xanthopan Moragani predicta, en hommage à la spéculation de Darwin.



J'agrandirai mon article lorsque que j'aurai fini le livre, car j'aurais certainement plein d'autres choses passionantes à partager à propos de Mormodes, de masdeavallias ou de bolbophyllum
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commentaires

M
Comment ai-je pu louper ce billet ! Tu l'as antidaté ? Merci pour cet intéressant article ! J'en avais publié un sur le sujet également, ici : http://martine-orchids-garden.over-blog.com/article-12258365.htmlEt puis vas voir également celui-là (http://martine-orchids-garden.over-blog.com/article-11077464.html concernant la pollinisation, ce petit film est vraiment super et je ne me lasse jamais de le revoir. C'est fabuleux la natue !)
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